La prochaine licorne* sera Ariégeoise !

Olivier Innocent
3 min readMay 10, 2020

Pour ceux qui l’ignorent, l’Ariège est le plus beau (source: Mon père) département français. Des peintures rupestres à la Georgette en passant par Fabien Barthez et les montreurs d’Ours, son apport à l’histoire de France est indéniable.

Territoire sauvage, coincé entre les Pyrénées et Toulouse, le département et son économie (principalement basée sur l’industrie papetière et textile) ont été frappés de plein fouet par la mondialisation. Défavorisée par une géographie peu favorable (Les seuls non locaux à traverser le département sont les toulousains se rendant en Andorre pour faire le plein de Ricard et la caravane du Tour de France), une politique économique et d’aménagement du territoire désastreuse (démantèlement des voies ferrées, choix stratégiques loufoques, transition numérique catastrophique), la “Terre Courage” (slogan du département pendant ma jeunesse) tire aujourd’hui ses principales ressources des séniors, de la production de fromage de chèvre par les néo-ruraux et du tourisme.

N’allez pas croire que je n’apprécie pas la région qui m’a vu naître et grandir, bien au contraire. Chaque retour au pays est pour moi une véritable bouffée d’oxygène (au propre comme au figuré). Avec une densité de population de 31 habitants au kilomètre carré (pour rappel la moyenne française est de 106, celle de Paris 21 067), un climat agréable et une nature préservée, il faudrait être fou pour ne pas vouloir s’y rendre…

Avant la crise du Covid, je vous aurais aussi probablement dit qu’il faudrait être fou pour s’y installer, à moins d’être (pré) retraité ou de travailler dans l’agro-alimentaire.

Sauf que, depuis, notre quotidien a été bouleversé et nos aspirations avec. Ces dernières semaines ont démontré que les territoires comme l’Ariège, loin du tumulte urbain, avaient tout pour attirer les talents (néologisme pour parler des cadres à fort pouvoir d’achat). Le prochain boom du télétravail marginalise l’impact de votre implantation géographique sur votre carrière, redonnant la primauté à la qualité de vie.

Et c’est là que le titre de cet article prend tout son sens. Pourquoi monter sa boite dans une ville dispendieuse, bondée, polluée, dont les habitants s’évadent dès que possible pour se mettre au vert?

Pour le prix d’un studio à Paris, vous disposerez d’un immeuble de 3 étages, à 1h de route de Toulouse et son aéroport international, 3h30 de Bordeaux ou de Barcelone, dans lequel vous pourrez installer tout ou partie de vos équipes. La continuité territoriale fait que l’expédition de vos produits vous sera facturée le même prix par La Poste que si vous étiez au Numa et à moins de vous lancer dans la production audiovisuelle ou graphique, le débit internet disponible(50–100 méga, mais la fibre est en cours de déploiement) sera largement suffisant pour accéder à vos SaaS préférés (y comptris Netflix en 4K).

Peu déconcentrée par la vie nocturne locale (attention tout de même à l’enchaînement des mounjetados quand l’été arrive, très risqué sans entraînement), votre équipe saura être productive. Le taux de chômage local et la forte communauté d’expatriés (principalement à Toulouse chez Airbus) rêvant de revenir au pays vous permettront de recruter sans trop de difficultés, des employés compétents et dévoués, qui ne s’économiseront pas à la tâche (Quand la mule s’arrête, l’ariégeois continue).

Je ne suis pas naïf, tout ne sera pas simple. Il faudra vous habituer à l’accent local et une ambition internationale pourra être limitée par la maîtrise limitée locale de la langue de Shakespeare. Mais bon, est-ce que ce serait vraiment différent à Lille ou à Marseille?

Alors oui, vous allez me dire: “Pourquoi ne te lances-tu pas dans ce cas ?”

La réponse est simple. Déjà, l’ariégeois est généreux et a le coeur sur la main (sauf pour les coins à champignons, mais c’est une autre histoire). Et surtout, monter sa boite est beaucoup plus facile que de convaincre sa compagne d’emménager à côté de chez sa belle-mère…

N’hésitez plus, lancez-vous à la campagne, votre famille et vos employés vous remercieront!

*On parlera probablement d’un dahu dans ce cas

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